DOSSIER JODOROWSKY

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Partez à la rencontre d'Alejandro Jodorowsky, créateur de génie.

Le Cinéma


Jodorowsky et le cinéma, je t'aime moi non plus

Jodorowsky's Dune : l'incroyable histoire d'un échec


Jodorowsky et le cinéma, Je t'aime moi non plus


Avec la sortie de son 8ème long métrage - Dune mis à part - Alejandro Jodorowsky a été une fois de plus présent à Cannes en 2016. Lui que Télérama qualifie de « candidat perpétuel du festival », participait déjà à l'évènement il y a 40 ans. Mais si l'histoire d'Alejandro avec le cinéma remonte déjà à quelques années, elle n'a pas toujours été un long fleuve tranquille.


Jodorowsky se tourne vers le Cinéma dans les années 60. Son premier long-métrage, réalisé au Mexique en 1968 avec très peu de moyens, est une adaptation de Fando y Lis, à l'origine une pièce de théâtre surréaliste écrite par son ami Fernando Arrabal. Si l'entreprise est peu coûteuse, la sortie en salle de l'œuvre fera grand bruit. De par son hermétisme, sa violence et son ambiance morbide, le film choque les spectateurs. Une émeute éclate lors de la première et le film sera rapidement interdit au Mexique. 


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Diana Mariscal, Fando y Lis


Le scandale provoqué par Fando y Lis n'empêchera pas Jodorowsky, devenu cinéaste, de réitérer l'entreprise deux ans plus tard avec la sortie de El Topo. Le film, également réalisé au Mexique, sera qualifié par John Lennon de « Western allégorique », et le chanteur très impressionné proposera même à Jodorowsky de financer son prochain long-métrage. Celui-ci verra le jour en 1973 sous le nom de La Montagne sacrée et restera sans doute le projet le plus ambitieux que Jodorowsky ait fait aboutir. Il se charge, comme à son habitude, de l'écriture du scénario et de la réalisation, mais il travaille également sur la musique et endosse un des rôles principaux, celui de « l'alchimiste ». 


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Horacio Salinas, La Montagne sacrée


Par la suite, Jodorowsky réalisera encore cinq films, dont La Danza de la realidad (2013)et Poesia sin fin (2016). Deux films autobiographiques burlesques dont les rôles principaux sont attribués à ses deux fils, Adan et Brontis.




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Les films de Jodorowsky font souvent figures d'OVNI dans le paysage cinématographique international. S'ils ne ressemblent à nuls autres, c'est que chacun d'eux plonge le spectateur dans un trip psychédélique et provoque son adhésion complète, ou au contraire, son rejet. C'est en effet la volonté de leur auteur de fournir aux spectateurs via le cinéma « ce que les hippies demandaient à la drogue ». 


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En plus de faire vivre des expériences sensitives uniques, le cinéma de Jodorowsky est également engagé. Dans ses œuvres, souvent qualifiées d'anarchiques et d'anticléricales, Jodorowsky rejette « l'art industriel » qui prédomine aujourd'hui, notamment sous la tutelle d'Hollywood. Comme il le dit lui-même dans une interview accordée au journal Le Point en Août 2016 : « Le cinéma a été colonisé par les Etats-Unis… À quoi est ce qu'il sert maintenant ? Je ne fais pas, comme à Hollywood, du cinéma pour gagner de l'argent, je pose la question : " Qu'est-ce que je peux donner ? " ». 


Loin de se soucier de l'avis de la critique, qui a pourtant très bien accueilli sa dernière œuvre, Jodorowsky affirme qu'un vrai artiste a très peu de public, et continue de laisser libre cours à sa frénésie créatrice. En effet le « chilien fou » vient de terminer le script d'une suite d'El Topo, d'ores et déjà à lire en bande dessinée.


Jodorowsky’s Dune : l’incroyable histoire d’un échec


Cinquante ans après sa parution, Dune reste un incontournable de la littérature de science-fiction. Visionnaire dans ses propos écologiques, précis dans la description de son univers, Franck Herbert a su conquérir le grand public et marquer des générations de lecteurs. Mais le chef-d'œuvre littéraire semble se refuser au cinéma et c'est paradoxalement l'histoire des échecs de son adaptation qui continue de fasciner.


En 1975, Star Wars n'existe pas encore et un jeune artiste du nom d'Alejandro Jodorowsky se voit proposer par le producteur Michel Seydoux l'adaptation du roman culte de Franck Herbert. Conforté par le succès de ses deux premiers films El Topo et La Montagne sacrée, l'imaginaire et l'ambition de l'auteur franco-chilien s'envolent. Il faut voir grand. Selon ses propres mots, il fallait « donner des hallucinations au public sans LSD ». Avec Dune, Jodorowsky voulait « créer un prophète, un dieu artistique et cinématographique ouvrant de nouvelles perspectives. » Armé de cette volonté, il entreprend de traduire toute la spiritualité de l'œuvre en images dans un script précis. Il engage le dessinateur Jean Giraud alias Mœbius :
« Je voulais un dessinateur de bande dessinées qui ait le génie et la
vitesse, qui puisse me servir de caméra et qui donne en même temps un style
visuel. »


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Mœbius est le premier « guerrier artistique » de l'équipe qu'il souhaite
constituer. Suivront le dessinateur anglais Christopher Foss pour les machines
et vaisseaux, le peintre suisse H.R. Giger pour le palais de la planète
Harkonnen, le jeune réalisateur Dan O'Bannon pour les effets spéciaux… mais
Jodorowsky n'a pas peur d'aller taper dans les célébrités de l'époque. Se
considérant lui même comme un samouraï au service de la réussite de son projet, il rencontre le groupe Pink Floyd qui accepte de signer la quasi totalité de la musique du film. Il convainc le fier et impétueux artiste Salvador Dali d'incarner l'empereur pendant une heure de film moyennant 100 000 dollars.



Son merveilleux casting réuni, les problèmes techniques des effets spéciaux résolus et son script bouclé, Jodorowsky remet son projet aux studios Hollywoodiens. Mais la grande aventure cinématographique s'arrête ici. Il reste 5 millions de dollars pour boucler le budget et les idées très ambitieuses de Jodorowsky sont incomprises. À travers ce projet, Alejandro Jodorowsky a voulu révolutionner l'industrie du cinéma et bousculer les codes. Même si le rêve n'a pu aboutir, il est à l'origine d'une ébullition artistique intense. De cet échec relatif, est née la collaboration incroyable entre Jodorowsky et Mœbius et de l'une des œuvres majeures de la bande dessinée : L'Incal. Plus tard, les vaisseaux imaginés par Mœbius ont inspiré le dessinateur Juan Gimenez pour La
Caste des Méta-Barons
, autre BD phare des Humanoïdes Associés.


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Cette histoire à la fois drôle, émouvante et incroyable est racontée dans le documentaire Jodorowsky's Dune.


L'écriture


Un écrivain prolifique


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Alejandro Jodorowsky, en plus d'être un scénariste de bandes dessinées et un réalisateur de long-métrages reconnu pour son talent, est également un écrivain extrêmement prolifique. Outre des pièces de théâtre, son œuvre compte des recueils de poésie, des romans, des fables, des essais, des récits autobiographiques et des livres sur le Tarot. On peut citer également son recueil de tweets intitulé 365 tweets de sagesse, compilation d'une partie des publications de son compte, qui réunit à ce jour plus d'un million de followers, et qui achève de lui donner un statut de « maître à penser médiatique ». Il explique cette proximité qu'il entretient avec ses fans ainsi : « Voilà ce que je suis : un homme pleinement de mon époque, un polyvalent, un touche-à-tout. »


L'Homme spirituel


Dans les années 80, alors qu'il vit à Paris, Alejandro Jodorowsky anime de façon régulière des sessions d'initiation à diverses pratiques spirituelles, allant de celle des arts martiaux, à celles du massage et de la psychanalyse. Il nommera ces réunions, organisées sous forme de rencontres ouvertes à tous, son « Cabaret mystique ». Jean Giraud, alias Mœbius, qui était déjà son partenaire de longue date dans l'écriture de ses albums de bandes dessinées, participera à plusieurs de ces réunions. C'est notamment cette expérience de guide spirituel que Jodorowsky racontera dans ses deux ouvrages autobiographiques La danse de la réalité et Le théâtre de la guérison


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Dans la lignée de son recueil de tweets, Jodorowsky consacre aujourd'hui une grande partie de sa carrière à ce qui pourrait se rapprocher d'une certaine idée de la « rédemption ». Désormais loin de la fureur des tournages, où rien n'était laissé au hasard et où chaque détail était soumis à la rigueur, parfois cruelle, du génie créatif, Jodo semble s'être apaisé. Au travers de ses conférences et de ses essais il s'attèle désormais à la transmission de ses savoirs. Il collabore également de façon active au blog espagnol Plano Sin Fin dans lequel il parle des méthodes de guérison par l'art. 




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Les thèmes sur lesquels il revient le plus fréquemment sont ceux de la « psychomagie », cure de l'inconscient par les rites, et de la « psychogénéalogie », théorie partant du principe que nos comportements inconscients nous sont transmis de façon héréditaire. Jodorowsky est le créateur de ces deux termes et il répond via son blog aux consultants désireux de se soumettre à des actes psychomagiques pour résoudre certains de leurs problèmes jugés insolubles. Le patient doit, au cours du processus, dépasser la « cage » de rationalité que lui impose la société et son environnement familial, et accéder, au travers du recours à la mise en scène et au symbolisme, à son « être essentiel », c'est-à-dire : à son essence propre. Pour Jodorowsky, la psychomagie peut permettre de guérir presque tous les maux, de la dépendance à l'impuissance en passant par le manque d'inspiration et même les plaies physiques.


Jodorowsky étant également un homme d'humour et de dérision, il n'hésite pas à se moquer de lui même. Ci-dessous un florilège de ses meilleurs citations :


« La personne qui m'a le plus influencé dans la vie c'est une mouche ! Je donnais une conférence dans une université, et là une mouche s'est posé sur mon nez. Ça a changé ma vie. Je me suis dit : "Je suis une merde ? Pour qui je me prends ?!" Depuis, je ne tue plus aucune mouche ! »


« J'ai un égo très fort, mais transparent. »


« Je suis comme un portable, je vibre mais de quatre façons : émotionnellement, artistiquement, physiquement et spirituellement. »


« Je ne suis pas Gourourowsky mais Jodorowsky. »


« Le plus beau mensonge : Dieu ! »


« La femme est un architecte naturel qui construit l'homme, alors que les architectes sont des imposteurs présomptueux qui construisent des tours comme des grands sexes pour forniquer le ciel. »


Sur scène


Un homme de théâtre


Avant d'apparaître comme acteur dans ses films, notamment El Topo en 1970 et La Montagne sacrée en 1973, Alejandro Jodorowsky était déjà un habitué de la scène. 


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Il commence en effet sa carrière artistique comme marionnettiste ambulant, puis à 24 ans il se lance dans la pantomime en intégrant la troupe du célèbre mime Marceau. Il deviendra au bout de cinq ans le partenaire de l'acteur français, l'aidant à la création de ses numéros et l'accompagnant dans ses tournées autour du monde. En 2007, Jodorowsky dédie à l'acteur l'album Pietrolino.


Après avoir quitté la compagnie du jour au lendemain, Jodorowsky retourne vivre au Mexique dans les années 60. C'est là qu'il développe le théâtre d'avant-garde de Mexico avec l'aide de son ami Fernando Arrabal, son compagnon de « l'anti-mouvement » artistique Panique. Il commence durant cette période à réécrire des pièces et à les réinterpréter dans son style. C'est cette volonté de réappropriation de l'œuvre qui le poussera à porter à l'écran l'une des œuvres d'Arrabal : Fando y Lis, qui sera son premier long-métrage. 


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Jodorowsky se détourne par la suite du théâtre, pour finalement y revenir en 2001 avec son Opéra Panique, pièce dont il est à la fois acteur, auteur et metteur en scène. En 2008 il écrit L'École des ventriloques pour la Compagnie Point Zéro. En 2009, pour son fils Brontis, il créer Le Gorille, monologue sur l'effort d'intégration dans une société intolérante et méprisante, inspiré de Communication à une académie de Franz Kafka, et de sa propre expérience d'« éternel émigrant ».


Par ailleurs, de nombreux textes pour le théâtre, dont Jodorowsky est l'auteur, n'ont été à ce jour ni traduits ni édités en français.




Une famille d'artistes


Brontis Jodorowsky

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Alma Jodorowsky

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Adan Jodorowsky

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La Caste des Jodorowsky - l'aîné


Dans la Caste des Jodorowsky, je demande l'aîné!


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Brontis Jodorowsky est né à Mexico le 27 octobre 1962, il est le fils aîné d'Alejandro Jodorowsky et de Bernadette Landru. Enfant, Brontis participe à plusieurs projets de son père. Il joue notamment dans El Topo. Son père envisageait également de lui confier le rôle de Paul Atreides dans l'adaptation du roman de Frank Herbert, Dune. Le petit garçon s'entraîne pour cela une année entière aux arts martiaux afin d'incarner au mieux son personnage. Mais l'œuvre ne voit finalement jamais le jour.


Un goût pour la scène que le jeune Brontis va cultiver puisqu'il se forme au métier d'acteur au Théâtre-Laboratoire de Jerzy Grotowski, en Pologne, puis avec la troupe du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, qu'il intègre de 1989 à 1995.


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Parallèlement à sa carrière d'acteur de théâtre, il réalise la mise en scène de plusieurs pièces. En 2009, son père lui écrit un monologue de théâtre intitulé Le Gorille, et inspiré d'une nouvelle de Kafka. Le texte raconte « le réveil d'un esprit, d'abord primitif, puis vindicatif, et enfin accompli, c'est à dire conscient de l'inutilité de tout ce paraître qui nous éloigne de l'authenticité », d'après les mots de son auteur. Cette histoire lie intimement le père et le fils, non seulement parce qu'ils ont travaillé ensemble à la mise en scène, mais également parce qu'elle fait échos à la période de l'enfance de Brontis qui a été trimbalé d'un pays et d'un continent à l'autre par son père. Le discours du gorille de la pièce est celui d'un éternel émigrant, méprisé par la société. Mais contrairement au personnage kafkaïen, le gorille des Jodorowsky fini par se révolter à la fin de la pièce, dans une scène écrite conjointement par le père et le fils.


En 2016, dans le film de son père Poesia sin fin, il incarne le personnage de son grand-père, dans ce récit autobiographique écrit et réalisé en famille. Il y donne la réplique à son plus jeune frère, Adan.


La Caste des Jodorowsky - la petite fille


Dans la caste Jodorowsky, je demande la petite fille


Fille de Brontis Jodorowsky et de l'actrice française Valérie Crouzet, Alma est née à Paris le 26 septembre 1991. A 20 ans elle part faire un stage d'acting à New-York et intègre à son retour en France, les cours du Studio-Théâtre d'Asnières, qu'elle suivra jusqu'en 2013. Elle fera une apparition cette année-là dans le très récompensé La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, puis sera en 2014 à l'affiche de la production britannique Kids in love, dans laquelle elle tient le rôle principal. Elle y incarne le personnage d'Evelyn, et joue aux côtés de l'acteur Will Poulter et de la top-model Cara Delevingne. 


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Alma sera ensuite en 2015 à l'affiche de La vie devant elles diffusé sur France 3, où elle joue là aussi le personnage principal. A côté de son métier d'actrice, Alma Jodorowsky est également mannequin et elle apparait régulièrement dans les pages des magazines Vanity Fair, Vogue USA, ou encore Vice, photographiée par des grands noms du monde de la mode, tel que Karl Lagerfeld en 2013. En 2014, elle est choisie par Lancôme pour devenir la nouvelle ambassadrice de la marque et prendre ainsi la suite de Kate Winslet et Pénélope Cruz en tant que nouveau « visage » de la maison. 


Alma fait également partie d'un groupe de pop, les Burning Peacoks, aux côtés du multi-instrumentiste David Baudart. Le duo formé par les deux jeunes artistes compose de la « Dream pop » sur les textes et la voix d'Alma et les mélodies de David. Le groupe a sorti son premier album Love Reaction et tourne déjà dans les lieux branchés de la nuit parisienne.


Tears of Lava est à écouter ci-dessous :





La Caste des Jodorowsky - le cadet


Dans la Caste des Jodorowsky, je demande le cadet.


Né à Paris le 29 octobre 1979, Adan est le fils d'Alejandro Jodorowsky et de l'actrice mexicaine Valerie Trumblay. Il grandit entouré de personnalités du star system telles que Georges Harrison et James Brown dont il recevra quelques leçons de danse ! Il fait ses premiers pas au cinéma très jeune, en 1988, dans le film Santa Sangre réalisé par son père.


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Très vite il se met à la musique, il apprend le piano, la basse et la batterie puis il intègre le groupe du chanteur Nikola Acin, The Hellboys. En 2002 le réalisateur Jean-Pierre Mocky lui propose un rôle dans son film Les Araignées de la nuit et en 2007 il tourne dans Two Days in Paris de Julie Delpy.


Il connait pour la première fois le succès avec son groupe en 2008, grâce à la signature de nombreux contrats en Amérique du Sud. Il devient une personnalité musicale reconnue sur ce continent et enchaîne plusieurs tournées de concerts. Il s'installe ensuite au Mexique et se lance dans une carrière de producteur-réalisateur.


 En 2012, il réalise son rêve d'enfant et écrit son premier long-métrage The Voice Thief. Lorsque son père fait son grand retour au cinéma la même année avec La Danza de la realidad, Adan endosse le rôle d'un anarchiste et réalise la bande originale. En 2016 il accepte de tenir le rôle principal dans Poesia sin fin. Il y joue d'ailleurs le personnage d'Alejandro Jodorowsky jeune.


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Le Tarot de Marseille


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En 1997, Jodorowsky s'associe à Philippe Camoin, héritier de la tradition des derniers Maîtres Cartiers marseillais, afin de créer sa propre édition du Tarot de Marseille. 




Pour Jodorowsky, le Tarot de Marseille est un « art sacré » qui peut permettre, via l'acte surréaliste du « tirage », et le recours à l'inconscient, de surmonter ses peurs ou encore, de résoudre une situation à problème. 


Le Tarot dit « de Marseille » désigne avant tout un jeu de Tarot au style graphique bien particulier sur les cartes duquel figures des images allégoriques, personnifiées et spécifiques. 


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 Le Tarot de Marseille est fortement associé à la Taromancie (pratique de la Cartomancie utilisant des cartes de Tarot) et Jodorowsky affirme avoir mis au point une méthode d'interprétation et de tirage qu'il explique et commente dans son livre La voie du Tarot


Son expérience du Tarot est directement liée à sa philosophie de vie : « il n'y a pas de limite entre le magique et le réel, il faut arrêter de croire que la vie est une construction rationnelle ! » explique-t-il dans une interview à Joachim Regout, directeur de la maison d'édition Asteline. Pour lui, n'accorder de l'importance qu'à ce qui est lié au domaine de la raison provoque la décadence de l'art dans tous les domaines. 


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Le jeu de Tarot de Jodorowsky et Camoin est rapidement devenu une référence, détrônant celui de Paul Marteau, édition du tarot de Marseille qui était la plus répandue depuis 1930. 


Durant de nombreuses années, Jodorowsky va organiser dans des cafés parisiens des séances ouvertes de Tarot où se pressent inconnus et célébrités. C'est d'ailleurs ainsi qu'il rencontrera sa compagne actuelle. 


Hommage


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Chevalier des arts et des lettres

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Jodorowsky et Kanye West

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Une planète nommée Jodo


Jodorowsky, chevalier des arts et des lettres


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Avec une œuvre extrêmement riche et un imaginaire tout à fait personnel, Alejandro Jodorowsky est un artiste touche à tout : au cinéma, en bande dessinée, en poésie, ce scénariste a livré des créations dont l'importance culturelle n'est plus à démontrer. Pour le neuvième art, il a été collaborateur d'éminents dessinateurs de leur génération comme Moebius et François Boucq. 

C'est pour l'ensemble de son œuvre qu'il a été décoré le 13 février 2015 en tant qu'officier de l'ordre des arts et des lettres, par la ministre de la culture et de la communication Fleur Pellerin.


Jodorowsky et Kanye West


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À l'occasion de la sortie du film Poesia Sin Fin, écrit et réalisé par Jodorowsky, Kanye West et le réalisateur se sont rencontrés. 


Kanye West a fait part de son admiration pour le maître :


« Alexandro Jodorowsky compte parmi les artistes les plus galvanisants de notre temps. Sa bravoure, son courage et son désir constant d’innovation nous rappellent ce qu’est vraiment la créativité dans un monde où tant de gens taisent le fond de leur pensée par peur ou pour des raisons commerciales.


Je voudrais profiter de cet avant-propos pour le remercier d’avoir inspiré une génération de vaillants nouveaux penseurs. J’ai regardé en boucle La Montagne sacrée pendant que je travaillais à My Beautiful Dark Twisted Fantasy. Sa sensibilité m’a conduit à produire mon œuvre la plus moderne à ce jour.


Pour faire simple, disons que Jodorowsky est un prophète de la créativité. Pour les initiés, la seule mention de son nom impose le respect, de la même façon qu’il envoie des frissons dans l’échine de toutes les grosses merdes faibles d’esprit faussement créatives. »


Une planète nommée Jodo


Alejandro Jodorowsky a tant marqué les
esprits que ses œuvres et l'aura de son personnage
traverseront le temps, et même... l'espace ! En effet, l'astronome français J.C. Merlin a baptisé du nom de Jodorowsky une petite planète qu'il a découverte le 24 décembre 2005, grâce à un télescope de 80 cm situé en Arizona.


J.C. Merlin (dont le nom le prédestinait sans doute à la profession) a ainsi pu rendre hommage à cet auteur prolifique, créateur de mondes plus extraordinaires
les uns que les autres.


Corps rocheux d'environ 5 km, la petite
planète 261690 JODOROWSKY gravite dans la ceinture principale entre Mars et Jupiter, en moyenne à
470 millions de kilomètres du soleil. Ne s'approchant jamais au-delà
de 290 millions de kilomètres de la Terre, elle met environ 5 ans et demi pour réaliser
une révolution complète autour du Soleil.


D'ici quelques années, les bio-terriens s'arracheront les billets de
navette spatiale pour aller visiter cette planète,
lieu de pèlerinage et d'hommage au paléo-christ de la
SF.


On peut même imaginer que cet astéroïde accueillera la
reconstitution des univers de L'Incal, La Caste des
Méta-Barons
, des Technopères…et autres créations à venir !


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Interviews


Rencontre avec Jodorowsky : Final Incal


Ca y est, le tome 3 de Final Incal est sorti. Quel effet cela vous fait-il de conclure ainsi cette
grande saga ?


Vous savez, pour moi c'est tout sauf une surprise. Il a fallu du temps pour écrire l'histoire, du temps pour dessiner. Ce sont des années de préparation donc j'ai eu le temps de m'habituer. J'ai plutôt l'impression d'avoir refait une promenade avec de vieux amis plutôt que de les avoir quitté pour de bon.
Il y a un personnage que j'aimais beaucoup, que j'ai toujours voulu développé : Gorgo Le Sale. C'est un personnage vraiment important pour moi et là ça y est, je me suis occupé de lui.
D'autres sont absents, le Méta-baron notamment. Il a déjà sa propre série, toute sa famille. Je n'ai pas voulu le mêler à Final Incal, cette histoire n'est pas la sienne.


Un dessinateur différent illustre chaque cycle de l'Incal. Après
Moebius, ce fut Janjetov et c'est maintenant Ladrönn. Pourquoi tous ces
changements ?


Ce
n'est pas quelque chose qui est venu de moi, je ne voulais pas changer à chaque
fois. C'est Moebius qui a choisi. Je lui ai proposé de faire Avant l'Incal mais
il a dit que non, il n'avait pas le temps. Il ne pensait pas que l'on puisse
inventer une autre histoire aussi folle que l'Incal. Moi j'y croyais !
Alors j'ai cherché quelqu'un qui était influencé par Moebius et j'ai trouvé
Janjetov. Avec le temps il est devenu lui-même mais là dans Avant l'Incal il a
imité le style de Moebius.
Quand Moebius a repris
Après l'Incal, il était fatigué, malade. Après l'Incal n'avait pas le style de
l'Incal. Il l'a dessiné comme si c'était un cartoon, un comic, ça a changé.
Alors on a recommencé avec Final Incal parce que je n'étais pas satisfait. Même
si on connaissait l'histoire, je l'ai reprise pour Ladrönn. C'est un fan absolu
du style de Moebius et il m'a semblé qu'avec lui je pourrais faire Final Incal,
rester dans le même univers graphique.


Comment avez-vous rencontré Ladrönn ?


C'est
Fabrice Giger [NDLR : patron des
humanoïdes associés] qui me l'a présenté. Il m'avait demandé de faire un
livre pour de jeunes dessinateurs (Astéroïde Hurlant, paru en 2006). Il me
montrait un dessinateur, je voyais le dessin et je dessinais un conte en
rapport. C'était très intéressant comme démarche. Celui là savait dessiner des
personnages mais pas les décors. Du coup je lui ai inventé une histoire dans un
espace désertique, avec presque pas de décors, et j'ai développé les
personnages. Un autre ne savait dessiner que des machines donc je lui ai fait
des histoires de robots.
Et là dedans il y avait
Ladrönn. Il avait une bonne technique mais son dessin manquait de sentiments
humains. Alors pour le mener à dépasser ses limites j'ai décidé de faire une
histoire qui était purement des sentiments. C'était Les Larmes d'Or et c'était
formidable au final, parfaitement ce qu'il fallait. C'est comme ça qu'on est
rentré en collaboration. Lui aussi est devenu formidable et maintenant on
travaille très bien.


Comment travaillez-vous avec Ladrönn, malgré la distance ?


Par
Skype. Comme quoi, la technique est utile ! Qu'il soit à Pékin ou à Los
Angeles, où il vit, on échange par Skype et ça ne coute pas un sou. Chaque
nuit, on parle une heure, on discute comme on veut. Evidemment je vois ses
dessins. Il me les montre, il met les bulles, on fait des arrangements en
direct [NDLR : Ladrönn travaille
exclusivement par ordinateur], là on ajoute, là on enlève. Je peux même
mimer ! Je bouge devant la caméra et tout. Je joue. Ca ne change pas de
d'habitude. C'est vraiment formidable.


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Vos histoires opposent souvent la vie organique à la technologie, aux
machines. C'est l'histoire de Final Incal au fond. Vous avez voulu faire passer
un message?


Les
questions qu'il faut se poser sur Final Incal, c'est qu'est ce que la société de Final
Incal ? Pourquoi ce président robotique ? Pourquoi veut-il non
seulement détruire la vie mais aussi attaquer les techno-technos et l'Imperoratriz,
qui représente la religion, l'économie et la politique. Pourquoi l'amour va-t-il
sauver le monde ?


Dans
la recherche du bonheur, les machines sont utiles, l'argent est utile. Mais ça
ne peut pas te donner le bonheur. Sans lunettes tu ne vois pas, ça c'est la
technique. Mais ce n'est pas le bonheur, ce n'est pas tes lunettes qui sont le
bonheur. C'est ce que tu es capable de voir. Si tu as de merveilleuses lunettes
mais que tu ne sais pas voir ce qui est devant toi, ça ne te sert à rien.
C'est ce que je
développe dans les Technopères. Tout comme la religion, l'un des plus grands
malheurs de l'humanité. La politique, l'économie, les soldats, les armées, ce
sont les maladies de l'humanité. Tout ça s'entremêle. Regardez dans quel monde
vous vivez maintenant. Tu crois à la politique ? Tu crois à la
religion ? Le pape c'est un gars déguisé en pape. Qui va croire à
l'économie, qui va croire à cette horreur, aux banques ? La patrie,
l'héroïsme de guerre, tout ça c'est des affaires commerciales.
C'est les horreurs
actuelles, c'est tout. Même la nourriture. Avant quand je mangeais un fruit il
y avait du goût. Maintenant il n'y en a plus, ils sont produits
industriellement. Et tout ça on
le retrouve dans Final Incal. La peste, le virus Ebola. Et pourtant ça fait 4
ans qu'on travaille dessus, on a pris le temps de le faire et tout est là.
Gorgo le sale c'est la
grande humanité, celle qui est pauvre, qui vit dans la misère. Il y a les
mutants qui vivent à l'écart, ce sont les minorités, sexuelles ou non, les
enfants sous ou sur doués etc. La société de Final Incal c'est la nôtre.


Final Incal, un cri de révolte alors ?


Oui,
tout à fait. Et ça libère vraiment intérieurement. Tu te libère parce que tu
organises ta vie d'une autre façon. Tu apprends quelque part à donner, que
l'autre existe. Chaque personne est une collectivité. Même ton corps est une
collectivité de cellules ! L'humanité est une collectivité cosmique. On
vit ensemble, on se rencontre et on apprend qu'il y a une continuité, qu'on est
une humanité. Comme individu on est mortel mais comme humanité on est immortel.
On n'est qu'une partie. La partie doit accepter qu'elle forme une totalité. On
est arrivé à la décadence de l'humanité en ce moment. On est comme sur une
bombe atomique prête à éclater. Tu commences à la voir éclater en Ukraine, au
Venezuela. Partout ça éclate.


Dans tout l'Incal, Difool cherche l'amour. Dans le fond, vous êtes un
pacifiste romantique dans l'âme non ?


Je
le suis devenu. Dans Final Incal, Difool trouve enfin l'amour ! J'ai mis
moi aussi une vie à trouver, à réaliser. J'ai enfin rencontré ma femme idéale
là y a 10 ans, à 74 ans. J'en ai 85 ans maintenant. J'ai découvert que l'amour
existe, que ce n'était pas qu'une invention.
Comme je viens du Chili
en Amérique Latine, j'avais un regard très masculin. Quand j'ai fait mon film
El Topo, c'était vraiment macho non ?
Quand tu deviens
conscient, tu te rends compte que la moitié de la planète c'est des femmes. Le
problème c'est qu'on a chassé la déesse mère. On a tué le père mais la déesse
mère elle n'existait pas vraiment. Pour exister, la femme doit imiter l'homme.
C'est un problème, encore de nos jours. Et un problème qu'il va falloir
résoudre. Les personnes intellectuelles, raffinées l'ont compris. Mais les
personnes médiocres qui forment la plus grande partie de l'humanité n'ont pas
encore compris. Ce sont les destructeurs de la planète, des assassins en
puissance. Parce qu'ils détruisent la Terre avec leur connerie, ce sont des
dangers publics. Et notre but à nous c'est de semer la conscience. Parce
qu'autrement la race humaine sera bientôt finie.


Et vos scénarios sont pour vous un moyen de semer la conscience, de
participer à ce changement ?


Oui,
je fais toujours un personnage qui est un inconscient, Difool. Peu à peu, sa
conscience s'ouvre. Et dans Final Incal il finit par trouver l'humanité
absolue. Il devient utile à l'humanité lui. Je suis fatigué des anti-héros, de
la décadence. Ca a trop été fait. Je suis fatigué des super-héros, du cinéma
hollywoodien. C'est une réalité ignoble, comme si l'être humain était un être
ignoble. Même le super-héros est ignoble. Mais l'être humain n'est pas ignoble,
c'est une merveille. Sauf que la société nous a réduits en esclavage.


Vous êtes parfois assez durs avec vos personnages. Quel regard
portez-vous sur eux ?


Oui
je suis dur avec eux. Parfois ils peuvent même mourir. Ils souffrent, ils sont
heureux. Ils sont comme toi, comme tout le monde. Ils ne sont ni bons ni
méchants. Il n'y a pas que les bons et que les méchants dans la vie. On ne peut
pas définir un être humain ni lui mettre une étiquette. On n'a pas de limites
mais on se fabrique des limites qu'on appelle ego et qui sont formées par la famille,
la société, la culture. On te met une empreinte et on t'apprend à être comme
ça.
Mais chacun de nous a un
intérieur multiple, sans limite. Et j'ai toujours voulu explorer ce qu'il y
avait au-delà de mes limites. Difool c'est un personnage qui peut être
plusieurs personnages. On ne sait pas qui il est. Lui-même ne sait pas qui il
est ! Dans toute la saga de l'Incal, il grandit. Les cerveaux humains
ressemblent à des galaxies, en pleine expansion. Jusqu'au moment où arrive
l'implosion. Et après ça recommence. C'est ça l'Incal.